Étude biblique
Dérange-nous, Seigneur !
Les coups répétés sur la porte ébranlèrent toute la maison, juste avant que le pied du soldat romain impatient la fasse jaillir de ses gonds. Pierre était encore dans son lit, à moitié endormi, lorsque les gardes l’empoignèrent et le trainèrent dans les rues poussiéreuses de Jérusalem où une carriole de prisonniers attendait. Ils le jetèrent brutalement dans cette cellule mobile et déjà bien remplie. À la lumière du jour naissant, Pierre reconnut les traits tirés de ses compagnons de captivité, serrés les uns contre les autres et entourés des barres de fer de leur prison. Il s’agissait de ses amis : André, Jacques, Jean, Philippe, Thomas, Matthieu, Jacques (fils d’Alphée), Thaddée, Simon, Matthias et Barthélemy, les autres apôtres de l’Agneau et les fondateurs de l’Église.
Le souverain sacrificateur avait joué de son pouvoir politique pour ordonner que ces disciples de Jésus soient arrêtés comme de vulgaires criminels et incarcérés dans la prison ordinaire. Mais avec le soir viendrait aussi un miracle extraordinaire. Nous lisons dans Actes 5:19 : « Mais un ange du Seigneur, ayant ouvert pendant la nuit les portes de la prison, les fit sortir ». Quelle glorieuse délivrance ! Quel témoignage extraordinaire ! Dieu démontra une nouvelle fois Sa puissance, et ces premiers disciples de Jésus durent se sentir invincibles.
Un ennemi mortel
Je pense que ce qui s’est produit ensuite est typique de la nature humaine. Il semble qu’au milieu de grandes victoires, un nuage soporifique d’autosatisfaction a émoussé les sens spirituels des croyants. Dans Actes 12, nous lisons que la persécution contre l’Église continuait, mais cette fois-ci, elle était initiée par Hérode qui fomenta l’arrestation, non pas de tous les apôtres, mais du seul Jacques, frère de Jean. Tous supposèrent que tout irait bien pour Jacques. Après tout, Dieu avait bien délivré les apôtres auparavant, Il le fera certainement encore … n’est-ce pas ? Dans le texte, nous ne voyons aucune réunion de prière, aucune veillée, aucune intercession.
Tout allait bien et personne ne s’inquiétait jusqu’au moment où la terrible nouvelle rompit la tranquillité ambiante. L’Église fut atterrée : Jacques était mort, exécuté par les autorités. L’autosatisfaction est un des ennemis les plus dangereux pour le chrétien, car il est si facile de tomber dans son piège, de vivre comme dans un rêve éveillé, d’avoir du mal à faire la part des choses, jusqu’au moment terrible du réveil. Dieu est si bon et fidèle pour nous. Mais il est si facile de ne pas se rendre compte de la fidélité de Dieu dans les bons moments, de la prendre à la légère et de confondre la foi et la présomption.
Quelqu’un a dit : « L’autosatisfaction est un fléau qui mine notre énergie, qui émousse nos bonnes dispositions et vide notre cerveau de toute réflexion. Nous voyons le premier symptôme quand nous nous satisfaisons des situations présentes. Puis le deuxième quand nous refusons de penser à ce qu’elles devraient être. « Ce n’est pas si mal ! » devient le mot d’ordre d’aujourd’hui et la norme de demain. Par autosatisfaction, les gens craignent l’inconnu, se méfient de ce qu’ils n’ont jamais essayé et détestent ce qui est nouveau. Comme l’eau, l’autosatisfaction emprunte la voie la plus facile – la descente. En regardant en arrière, ils croient puiser une force qui n’en est pas une ».
Que ce soit pour les nations, les individus, les familles ou les entreprises, l’autosatisfaction produit le même effet ; elle est l’ennemie de toute victoire et l’alliée de toute défaite. Mais son effet n’est jamais aussi mortel que dans la vie de prière – particulièrement quand tout va bien.
Dépendance absolue
J’ai dû prier pendant des semaines avant de donner mon premier sermon à l’âge de quatorze ans. J’ai supplié Dieu de m’aider et de m’accorder Sa bénédiction, car je savais que sans cela, je courrais à l’échec. Aujourd’hui, je prêche souvent plus d’une douzaine de fois par semaine. Je n’éprouve plus cette nervosité, même lorsque je me tiens devant des foules de centaines de milliers de personnes. Et c’est bien là que se trouve le danger ! Bien que je me sente confiant et à l’aise derrière un pupitre, je dois continuellement me dire que mon sentiment de sécurité n’est qu’une illusion. Je pourrais prêcher le sermon le plus clair et de la meilleure des façons, je courrais tout de même à l’échec sans la bénédiction du Seigneur.
J’ai découvert que plus nous nous sentons à l’aise, plus nous sommes en danger parce que le sentiment de sécurité peut vite nous faire oublier notre besoin d’être entièrement dépendant de Dieu. C’est la raison pour laquelle chaque fois que je me lève pour prêcher, je déclare la prière que nous avions l’habitude de prononcer dans nos salles de classe aux États-Unis, avant que la prospérité nous rende apathiques envers Dieu qui nous a tant bénis : « Dieu tout-puissant, je reconnais ma dépendance absolue envers Toi et réclame Ta bénédiction ». C’est en étant conscient de notre dépendance absolue envers Dieu que nous serons assidus dans la prière.
Si vous n’êtes pas conscient de cela, il y a de grandes chances que vous soyez comme un somnambule, marchant endormi vers les dangers immédiats de l’autosatisfaction. « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et Christ t’éclairera » (Ephésiens 5:14).
L’autosatisfaction est l’ennemie de toute victoire et l’alliée de toute défaite.
Dans le livre d’Amos 6:1, le prophète déclare : « Malheur à ceux qui vivent tranquilles dans Sion, et en sécurité sur la montagne de Samarie ». Les enfants d’Israël étaient devenus apathiques parce qu’ils étaient prospères et en sécurité. Ils avaient perdu leur sentiment d’urgence et n’étaient plus intéressés par les choses de Dieu. Mais la sécurité qu’ils éprouvaient était un mythe. La miséricorde de Dieu qui retenait le désastre arrivait à son terme, et au verset 7, Dieu déclare que la fête est finie ! « C’est pourquoi ils seront emmenés à la tête des captifs ; et les cris de joie de ces voluptueux cesseront ».
Ce n’est qu’après le désastre et la captivité que le peuple est revenu au Seigneur. Que Dieu nous épargne de la tragédie ou du désastre qui viendrait ébranler notre autosatisfaction. Comme ce serait mieux si nous restions vigilants dans la prière, reconnaissant que même dans les bons moments, notre « adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1 Pierre 5:8).
Dérange-nous, Seigneur !
En 1577, Sir Francis Drake a écrit : « Dérange-nous, Seigneur, lorsque nous sommes trop satisfaits de nous-mêmes … ». Tout le monde semble vouloir le « réveil », pensant qu’il s’agira d’une expérience plaisante et agréable. Mais être réveillé, c’est être secoué et sorti d’un état de sommeil, c’est être bousculé de l’apathie et de l’autosatisfaction, c’est être en alerte et en éveil. Trop d’églises qui prient pour le réveil ont en même temps placé un écriteau « Ne pas déranger » sur leur porte. Un réveil qui s’adapte gentiment au confort d’un berceau, ce n’est pas du tout le réveil. Au lieu de prier pour le réveil, peut-être devrions-nous faire nôtre la prière de Sir Francis Drake : « Seigneur, dérange-nous ! ». La puissance dans la prière commence lorsque l’autosatisfaction s’arrête !
« Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres » (1 Thessaloniciens 5:6).
Trop d’églises qui prient pour le réveil ont en même temps placé un écriteau « Ne pas déranger » sur leur porte
Une fois Jacques assassiné, les Juifs religieux étaient ravis de l’initiative d’Hérode. Hérode se rendit compte qu’il avait trouvé un moyen facile d’augmenter sa popularité auprès de ce parti religieux qui, jusque-là, s’était souvent opposé à lui. Actes 12:3 relate « que cela était agréable aux Juifs » et qu’il « fit en outre arrêter Pierre ».
Cette fois-ci, les choses allaient se passer différemment. La tragédie de la mort de Jacques avait ébranlé les croyants et les moments de distraction autour de repas pris en commun furent tous annulés. Le temps était venu de prier. Les Écritures soulignent pour relater la libération de Pierre que « sans relâche, la prière montait de l’Église vers Dieu pour lui » (Actes 12:5).
Les prières ferventes et persistantes
Cette phrase revêt une grande importance, car l’auteur du Livre des Actes cherche à nous montrer que la libération miraculeuse de l’apôtre est le résultat de ces prières ferventes et continuelles de la part des croyants. C’était le soir du dernier jour de la semaine de la Pâque et Pierre était enchainé entre deux soldats menaçants. Cette nuit-là allait être la dernière qu’il passerait sur cette terre. Avec la lumière du jour allait arriver son exécution, comme Jacques quelques jours plus tôt. Mais la Bible dit que tout d’un coup, une lumière illumina sa cellule et un ange du ciel lui apparut. L’être céleste frappa Pierre au côté et lui dit : « Lève-toi promptement ! ». Nous voyons un détail intéressant dans Actes 12:7. Nous lisons que « les chaines tombèrent de ses mains ! ». Remarquez bien que ce n’est pas l’ange qui brise ces chaines, mais qu’elles tombent simplement des mains de Pierre.
L’ange dit à Pierre : « Habille-toi et suis-moi ! ». Ils passèrent devant la première garde qui ne remarqua rien. Ils passèrent devant la deuxième garde qui ne remarqua rien non plus. Puis, ils furent devant un obstacle infranchissable – une énorme porte de fer qui séparait la prison des rues de la ville. Cette porte protégeait le monde des dangereux criminels enfermés dans la prison. Cette barrière semblait insurmontable, mais Pierre ne s’en souciait pas. Du reste, il pensait qu’il était en train de rêver.
Vous remarquerez que le verset 10 nous rapporte que dès qu’ils atteignirent la porte de fer, « elle s’ouvrit d’elle-même devant eux ; ils sortirent et s’avancèrent dans une rue ». Ce n’est qu’à ce moment-là que l’ange disparut et que Pierre comprit qu’il ne s’agissait pas d’une vision. Il venait vraiment d’être libéré !
La main invisible
Voyez-vous le thème qui semble apparaitre ? Dans cette histoire, tous les obstacles et toutes les barrières sont entièrement inefficaces. Les chaines tombent des mains de Pierre, les gardes ne se rendent pas compte de l’évasion, et enfin, la porte de fer s’ouvre, et le plus surprenant, c’est que toutes ces choses semblent se produire d’elles-mêmes. Bien qu’un ange puissant accompagne Pierre, il ne touche pas les chaines, ni les gardes, ni les portes – une main invisible opère ces miracles.
La prière qui ouvre les portes
Le point souligné au verset 5 montre bien que ce sont les prières des saints qui sont à l’origine de ces choses. « Sans relâche, la prière montait de l’Église vers Dieu pour lui ». Les prières des croyants constituaient la puissance qui a défait les chaines, ôté les obstacles et ouvert les portes les plus hermétiques.
Je me demande combien de chrétiens souffrent aujourd’hui parce qu’ils n’ont pas eu confiance en Dieu et ne L’ont pas recherché quand ils étaient au milieu de l’épreuve. La foi semble souvent être l’option la plus difficile à choisir. Il est bien plus facile de faire confiance à un avocat, à un médecin, à un collègue, à un conseiller ou à soi-même. Mais après s’être tournés vers tous ceux-là, ils se retrouvent livrés à ce qu’ils craignaient le plus et c’est alors qu’ils crient : « Dieu, pourquoi ? ». N’attendez pas qu’il soit trop tard avant de crier au Seigneur. « Cherchez le Seigneur pendant qu’ il se trouve et invoquez-le tandis qu’il est proche » (Ésaïe 55:6).
Extrait de EXPLOSION DE GLOIRE de Daniel Kolenda